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La valeur d’exemplarité de l’encadrement.

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La valeur d’exemplarité de l’encadrement.

Dans les bureaux de la direction de projet aux Hauts de Montgorge, les postes sont distribués en fonction des compétences, indifféremment de l’appartenance de tel technicien, ingénieur ou cadre à telle ou telle entreprise. Sur le terrain, en revanche, les partenaires ont souvent choisi une répartition géographique. C’est notamment le cas pour beaucoup d’ouvrages d’art réalisés par des équipes de génie-civilistes en grande partie homogènes, formées autour de noyaux de collaborateurs salariés d’une même entreprise et entraînés à travailler ensemble. Cette répartition pourrait aller à l’encontre de l’esprit-projet recherché. De plus, le chantier est non seulement géographiquement très étendu mais il combine des entreprises aux métiers très différents avec des cultures, elles aussi, très différentes : certaines calculent les mouvements de terre en millions de m3, d’autres règlent la voie au millimètre, quand d’autres encore préparent l’injection du courant 25000 V dans la caténaire. Comment fusionner cette diversité des entreprises et des cultures en une même communauté d’esprit tournée vers le projet ? C’est l’équation que doit résoudre la Direction des Ressources Humaines.

« L’expérience m’a appris que l’attitude des encadrants se diffuse naturellement vers les encadrés sans même que les intéressés en aient conscience » explique Erik Leleu. « Si des managers s’entendent bien, leurs subordonnés le plus souvent s’entendront bien. Lorsque des compagnons sentent que leur conducteur de travaux estime positivement son collègue d’une autre entreprise, ils porteront généralement le même jugement sur leurs propres collègues ; s’ils le voient placer la réussite du projet au centre de ses préoccupations, ils feront de même… Mais attention, car la mauvaise attitude est tout autant contagieuse que la bonne. Certaines postures managériales sont incompatibles avec la participation au projet, comme dire du mal des autres ou contester une décision collective. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à être ferme pour supprimer les attitudes déviantes. Pour créer un état d’esprit unitaire, faire en sorte que tout le monde se respecte et aille dans le même sens, il faut donc commencer par l’encadrement, en partant du sommet de la hiérarchie. L’attitude des milliers de compagnons et hommes de terrain se calquera pratiquement toute seule sur celle de leurs chefs. Les gens seront tirés vers le haut. »

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