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Contrats aidés ou embauches
en contrat à durée indéterminée de droit commun ?

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Contrats aidés ou embauches en contrat à durée indéterminée de droit commun ?

Depuis le gouvernement de Raymond Barre qui les a inventés en 1977, les contrats aidés ont fortement stimulé l’imagination des décideurs politiques. Ainsi en 2016, pas moins de dix-sept formules différentes sont à la disposition des employeurs de l’économie marchande ou non marchande ! En 2012, après l’élection de François Hollande qui l’avait inscrite dans son programme de campagne, la nouvelle formule est le « contrat d’avenir » créé par le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Le chantier s’apprête à démarrer et l’une des questions qui se posent est alors de savoir s’il serait judicieux pour le projet d’utiliser ces contrats d’avenir. Quels seraient les avantages et les inconvénients ? Les contrats d’avenir sont réservés aux jeunes chômeurs de moins de 25 ans mais d’autres formules de contrats aidés s’adressent à un public plus large, éloigné de l’emploi et bénéficiaire de minima sociaux ou d’autres allocations. Or, parmi les personnes sélectionnées pour le projet et qui ont suivi avec succès les préparations opérationnelles à l’emploi ou les formations qualifiantes à des titres professionnels, beaucoup relèvent de ces critères. Ils sont éligibles à ces contrats. Le projet aurait donc la possibilité d’embaucher un grand nombre de jeunes ou de moins jeunes sous de tels statuts dérogatoires. L’avantage économique immédiat est très tangible. Un exemple : pour chaque contrat d’avenir signé avec une personne salariée au smic, l’allocation versée à l’employeur dépasse cinq- cents euros par mois. Mais cet avantage reflète une vision à très court terme.

Les formations sont financées sur fonds publics… Ce qui n’a rien de choquant a priori, sauf que les Préparations Opérationnelles à l’Emploi sont spécialement dédiées au projet qui, lui, est privé. Serait-il éthiquement convenable que ce projet privé, dont le groupe VINCI est la principale partie prenante, tire encore plus profit de financements publics ?

L’image positive du projet, patiemment construite grâce aux relations tissées avec les interlocuteurs publics, aurait-elle été la même sans l’engagement moral de proposer de véritables embauches à toutes les personnes ayant suivi les parcours de formation ?

L’image du groupe VINCI lui-même pourrait en souffrir.

Imaginons ce qui pourrait légitimement se dire ou s’écrire dans les médias, se diffuser sur internet : « un leader mondial du BTP et des concessions profite du système pour accroître des profits déjà considérables ! »

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