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Un principe-clé :
sourcer nos forces vives en local.

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Un principe-clé :
sourcer nos forces vives en local.

Dès cette époque, dit Xavier Neuschwander, nous savions que nous aurions un problème d’effectifs pour satisfaire aux besoins d’un projet aussi gros. Mais nous savions aussi qu’il y avait du chômage dans les territoires traversés et que le recours massif à des recrutements locaux permettrait de satisfaire nos obligations liées à la clause d’insertion de façon intelligente, humaine et performante. Pour réussir, il fallait cependant associer les moyens de formation de l’Etat et les mettre en phase avec cette idée. J’étais à ce moment le président de la commission sociale du syndicat des terrassiers de France, ce qui nous a permis d’initier la mise au point d’un protocole-cadre entre cette organisation, la FNTP (-Fédération Nationale des Travaux Publics) et l’Etat. Plus tard, ce premier protocole a servi de base à un protocole spécifique pour COSEA. »
Cette stratégie « emploi » est développée en 2006-2007, suivie en 2008-2009 de la stratégie « environnement » au sens large.

« J’étais convaincu que le chantier devait s’intégrer au territoire en étant le moins dérangeant et le moins agressif possible. Ce fut dès le départ une stratégie hyper volontariste et l’expérience montre que nous avons eu raison », reprend Xavier Neuschwander. « Il était indispensable de mettre les gens – les voisins, les associations écologistes, les agriculteurs, les services de l’Etat – de notre côté. Deux grandes forces s’opposent en effet à n’importe quel projet d’infrastructure : le voisinage, très impacté mais peu organisé, et les écologistes qui sont personnellement moins impactés mais dont l’organisation est en revanche très solide. Si ces deux forces se conjuguent, le blocage est assuré. Une posture d’affrontement est perdante à coup sûr. Il faut au contraire travailler avec ces forces, les écouter, apporter des réponses justes et avoir un comportement qui nous fait mériter leur confiance. Le projet SEA traverse une centaine de zones humides d’un intérêt bien supérieur à celle, par exemple, du barrage de Sivens où les collectivités territoriales et l’Etat ont montré tout ce qu’il ne fallait pas faire. Si nous n’avions pas développé cette stratégie, le chantier aurait certainement été bloqué. Ce n’est jamais arrivé. »

Le 1er avril 2010, enfin, la concession est attribuée au groupe VINCI, CDC Infrastructures et Axa Private Equity réunis dans le groupement LISEA (Ligne SEA) qui devient ainsi le maître d’ouvrage de l’opération et en confie la réalisation à deux groupements opérationnels : COSEA chargé de la Conception et de la Construction de la ligne, et -MESEA qui, dès la mise en service commercial du projet fixée à Juillet 2017, en assurera la Maintenance et l’Entretien pendant toute la durée de la concession. Piloté par VINCI Construction, -COSEA réunit des entreprises du groupe VINCI ainsi que des entreprises tierces*. Et ce groupement est lui-même réparti en sous-groupements couvrant toutes les compétences nécessaires à la conception-construction de la ligne : -sous-groupement conception, sous-groupement infrastructures pour les terrassements et les ouvrages d’art, sous-groupement superstructures pour les travaux ferroviaires, sous-groupement énergie, sous-groupement signalisation et télécommunication.
Rien ne change en matière d’obligations environnementales et de conformité avec les plus hauts standards ferroviaires par rapport à un chantier qui aurait été mené directement, comme d’habitude, par Réseau Ferré de France (aujourd’hui SNCF Réseau) : ainsi, RFF contrôlera l’ensemble des opérations et validera tous les travaux réalisés. De plus la ligne sera équipée des plus récentes technologies de signalisation comme le système ERTMS (European Rail Traffic Management System). Ce système, fruit d’une initiative de l’Union Européenne, remplace vingt-sept systèmes de signalisation différents existant sur le continent. Pays par pays, les sociétés ferroviaires historiques nationales avaient en effet développé une grande diversité de systèmes incompatibles entre eux. L’ERTMS, lui, assure l’interopérabilité en permettant aux convois des différents opérateurs européens de circuler en toute sécurité sur la même ligne. Mais pour le reste, tout est à reconsidérer.

PARTIRDUTERRAIN