7

Un réseau RH
qui doit insuffler
un « mental » commun.

7

Un réseau RH
qui doit insuffler
un « mental » commun.

Pour la Direction des Ressources Humaines un premier axe d’action est de créer, animer, faire vivre cette fameuse « communion d’esprit » indispensable à la réussite du projet. Pour cela, la Direction des Ressources Humaines allait se démultiplier à travers des Directeurs de Ressources Humaines dédiés à chaque section de travaux ainsi qu’à la Direction de Projet. Celle-ci comptera jusqu’à 500 collaborateurs et les sections de travaux ont chacune un effectif plusieurs fois supérieur à celui de la plupart des entreprises du BTP.

Le rôle de ces directeurs RH requiert des qualités personnelles d’autant plus fortes que les salaires, primes et avantages sociaux restent de la responsabilité des entreprises partenaires du groupement et non du projet en tant que tel. De plus, ces entreprises ont naturellement pour premier réflexe de vouloir privilégier la relation qu’elles ont avec leurs propres salariés, au risque de faire apparaître des intérêts particuliers en contradiction avec ceux du projet. Eviter ce danger est l’objectif de la plupart des pratiques de la Direction des Ressources Humaines.

« La force de frappe a été la capacité de créer un réseau de Ressources Humaines qui s’est infiltré dans toute l’organisation du chantier, ce qui a permis de créer du lien », souligne Gilles Dumoulin, directeur du SGI. « La relation entre les différents directeurs du projet et le Directeur des Ressources Humaines fut essentielle », affirme Gilles Godard, directeur du projet à partir de 2014.

Les directeurs et directrices RH de section sont donc d’abord des hommes et des femmes de conviction au service du projet, pour qui juridisme et code du travail ne sont pas les uniques règles d’action et de comportement. « Sur ce projet de plus de trente-cinq millions d’heures de travail, le budget alloué aux avocats est égal à zéro ! » rappelle Erik Leleu qui n’hésite pas à faire une comparaison pour le moins audacieuse : « Ce qui compte, c’est le rapport humain et la confiance. Si l’on fait ce travail avec des avocats en s’envoyant des articles du code du travail et des arrêts de cassation, c’est comme si un gynécologue accouchait avec son manuel d’obstétrique sous la main. » Les DRH de section sont capables d’accueillir les collaborateurs du chantier, d’écouter, de dialoguer, de convaincre, d’animer, tout en étant intransigeants sur les questions de sécurité. C’est à eux de « capter » les problèmes et de faire remonter les réclamations. Pourtant, ils n’ont pas d’interlocuteurs salariés disposant d’une légitimité indiscutable au niveau des équipes chantier : les représentants du personnel ne sont pas élus au niveau du projet mais à celui des entreprises composant le groupement.

Cette situation originale n’interdit cependant pas la bonne représentation des salariés, bien au contraire. « J’ai souvent été interrogé sur ce sujet, par la DIRRECTE, la Direction Générale de Travail ou même par Michel Sapin, venu visiter le projet et j’ai toujours fait la même réponse : les salariés de COSEA sont bien représentés » dit encore Erik Leleu.

Chaque « lot » possède en effet un local syndical mis à la disposition des délégués à la seule condition que ceux-ci soient salariés d’une entreprise du groupement. Il n’est cependant pas obligatoire qu’ils soient des collaborateurs du chantier lui-même. Lorsque c’est le cas et qu’un représentant du personnel vient par exemple visiter le chantier pour rencontrer les salariés de son entreprise, il lui est simplement demandé de se présenter au DRH de section et de lui faire part prioritairement de ses remarques et observations. L’objectif de cette procédure librement acceptée est de pouvoir apporter très rapidement les réponses et solutions appropriées, sans laisser aux éventuels problèmes le temps de prospérer.

UNESPRITMOTEUR